Comme un souffle de liberté.
Je ne sais pas si ça vous est déjà arrivé mais il m'arrive régulièrement d'avoir le sentiment de vivre à côté de mon corps, de ne pas l'investir totalement.
Dans ces moments-là, tous les signes qu'il m'envoit sont flous, embrouillés et je suis dans l'incapacité de les comprendre. C'est comme un bourdonnement agaçant qui n'a aucune signification pour moi et que mon cerveau est incapable de retranscrire correctement. Je marche aux côtés d'un russe qui ne parle pas un mot de français.
Concrètement, ça se traduit par de mauvaises interprétations. Je ne sais plus si je suis fatiguée ou énervée, si j'ai faim ou non, c'est le bazar le plus complet. Et plus je tente de saisir la bonne sensation, plus les ondes se propagent, multipliant les douleurs lancinantes comme les maux de tête, les aigreurs d'estomac (faim ou fatigue?).
Et je dois parfois faire de gros efforts pour mettre le doigt sur le bon signal.
Je sais que ce sont des « passages » que mes vraies sensations, bien distinctes, reviennent toujours et qu'il me faut avant tout déployer des montagnes de patience pour traverser cette période sans trop d'accrocs.
Car pour une compulsive comme moi, il n'y a rien de plus facile que de tomber dans la bouffe et de vouloir tout résoudre (fatigue, douleur, émotion...) en dévalisant le frigo.
Et finalement, souvent, de l'écrire, de mettre mes sentiments à plat suffit à reprendre possession de mes sensations car c'est lorsque je m'éloigne de moi que je perds le fil de mon ressenti.
Je me pose, je fais le point, je calme mes peurs du vide, du néant et je reprends ma route.
Mettre un pied devant l'autre, avancer à son rythme, ne pas vouloir accélérer le mouvement, ne plus chercher à se surpasser, à dépasser ses propres limites. Mais se respecter.
Et le respect passe par l'acceptation de nos faiblesses pour en faire une force.
Se comprendre, c'est l'arme la plus efficace pour parvenir au bout du chemin, celui de la liberté.
Se comprendre et s'écouter.
Ne plus lutter contre ses aspirations profondes, contre ses besoins fondamentaux. Lâcher prise pleinement, totalement et revivre.
J'ai tué mon corps, réprimé mes aspirations profondes en tentant avec obstination de me fondre dans un moule qui n'était pas le mien. Puis, un jour, j'ai fait le choix de vivre ma vie, de ne plus croire au miracle des régimes et de tourner le dos à ce corps parfait, imaginaire et inaccessible.