Mon blog, ma thérapie.
J'ai ouvert mon blog, il y a 18 mois. L'idée m'est venue alors que je traversais une mauvaise période. J'aurais pu y mettre tous les trucs moches qui m'arrivaient mais au contraire, j'ai ressenti le besoin d'en faire un espace positif.
Je voulais qu'il soit ma bouée de sauvetage, mon îlot de tendresse, ma parenthèse enchantée, mon petit coin de paradis (tous les trucs cucul qui font lever au ciel les yeux des ardents défenseurs de « la vie n'est qu'une chienne, dénonçons-la ! »).
Oui, j'avais juste le désir que ce soit un lieu où je viendrais y déverser ma joie et ma bonne humeur, parler de moi, un peu beaucoup, avec tendresse et maladresse mais toujours avec sincérité (et pousser aussi quelques coups de gueule, parce que parfois, la connerie humaine, trop, c'est trop!).
Et puis, j'ai commencé à recevoir des messages de personnes m'expliquant que c'est bien beau d'afficher son bonheur et sa volonté de ne voir que les choses positives mais il y en a qui souffrent. Et il faudrait peut-être aussi penser à eux.
Vous, qui me lisez, vous ne connaissez pas ma vie, je ne dis que ce que je veux bien en dire et pardonnez-moi si je ne souhaite vous en montrer que le positif car c'est ça qui m'intéresse : ne garder que le meilleur.
Alors je vais vous expliquer pourquoi j'ai fait ce choix, une seule fois, je ne reviendrai plus sur le sujet : je souffre d'une maladie auto-immune. Elle me pourrit la vie de façon régulière et m'a fait traverser des périodes plus que compliquées.
Je ne vous parle même pas des douleurs (ma maladie est inflammatoire) mais juste de mes nombreuses fausse-couche, du décès de l'un de mes fils à sa naissance, de mon combat et mon acharnement pour avoir mes enfants.
Alors oui, j'ai la chance inouïe d'avoir trois enfants merveilleux. Je les aime et je remercie chaque jour le ciel de m'avoir offert ce cadeau mais je connais la valeur d'une vie et je sais aussi l'horreur que représente la perte d'un enfant.
Dans ma famille nous avons la poisse. Il y en a comme ça qui accumule les maladies et les agressions, nous faisons partis de ceux-là. Lorsqu'on dit « ça n'arrive qu'aux autres »... oui, les autres, c'est aussi nous.
Je me suis longtemps apitoyée sur mon sort car j'étais submergée par un sentiment d'injustice, une volonté de comprendre, la colère du « pourquoi moi ? ». Une colère abominable qui a gâchée une partie de ma vie, l'a noircie, rendue moche et invivable.
Et puis, je me suis prise en main, j'ai rencontré des personnes qui m'ont aidées, des thérapeutes formidables. Je ne suis pas tombée sur les bons du premier coup, oh non, cela aurait été trop simple mais j'ai continué à chercher jusqu'à ce que je rencontre la bonne personne.
Idem pour les médecins. Pendant des années, je les ai entendus minimiser mes douleurs, allant, pour certains, jusqu'à se moquer de moi, de mon soi-disant stress (le stress, on te le balance à toutes les sauces). Je n'ai pas été entendue, j'ai même été raillée et puis, un jour, j'ai poussé la porte du bon cabinet médical.
Je me suis battue. Rien ne m'est arrivée tout cuit dans le bec.
Alors non, je n'ai pas la vie facile, je ne balance pas des évidences telles que « profiter de l'instant présent », « aimez vos enfants », « ne gardez que le meilleur »... parce que je me noie dans le bonheur au point que je ne sache plus quoi en faire.
Je ne suis pas une imbécile heureuse, une idiote sans cervelle qui sourit béatement à la vie, en gardant précieusement ses œillères pour éviter de croiser le regard de ceux qui souffrent.
J'ai juste fait le choix de la vie.
Je veux profiter de tout ce que la vie a à m'offrir.
Le reste, je m'en fiche et si ma philosophie en agace certains, ça n'est pas bien grave, il y une multitude de blogs et de forums où l'on vient s'y plaindre à volonté.
Je sais que ça va choquer mais je voulais juste vous dire : aujourd'hui, je sais que j'ai une chance inouïe car mon unique objectif est de connaître le bonheur et de le cultiver, jour après jour. Chaque vie a une valeur inestimable car elle n'est pas éternelle alors ceux qui veulent se la gâcher, qu'ils le fassent.
Alors qu'on ne vienne plus me dire : c'est bien beau d'afficher ton bonheur mais tu devrais peut-être penser à ceux qui souffrent !
Oui, j'y pense, j'y pense même chaque jour.
Mais la vie n'est pas une chienne, ni une pute, la vie c'est juste notre cœur qui bât et qui un jour ou l'autre s'arrêtera de battre et j'aimerais autant avant cet ultime instant me dire que j'ai bien vécu et garder en moi des souvenirs qui font du bien à l'âme, ceux qui font naître un sourire sur tes lèvres.
La vie est trop courte et encore bien plus pour certains, ne l'oublions pas (il m'est arrivée souvent de râler pour des bêtises et d'éclater de rire soudainement en prenant conscience que ma vie ne s'arrête pas à un tube de dentifrice qui n'a pas été rebouché... même si ça fait chier, on est bien d'accord! *humour*)
Voilà, c'était ma petite parenthèse explicative, demain, c'est promis, on se marre!!
PS : ne vous y trompez pas, j'ai fait le choix d'être le plus positive possible sur mon blog mais j'admire aussi ces hommes et ces femmes qui, dans leurs blogs, abordent le thème de la maladie, avec courage et qui se battent jour après jour. Chacun choisi sa forme de thérapie, moi, j'ai juste choisi le rire et l'auto-dérision.
Photo by Emilstojek (deviantart)